L’émergence des qualités esthétiques de la musique de Fausto Romitelli – une musique qui se plaît au paroxysme et à l’exploration des seuils perceptifs, qui ambitionne de tordre l’espace « en mille anamorphoses » – dépend dans une large mesure du formidable répertoire de gestes instrumentaux et de références symboliques qu’elle met en œuvre. Pour comprendre ses créations, pour expliquer l’impact émotionnel qu’elles peuvent avoir sur l’auditeur, il convient alors de se concentrer sur leur fonctionnement effectif, en prenant en compte la finesse d’une écriture qui a su intégrer de surprenants matériaux hétéroclites, ainsi que des modes de jeu particuliers, bouleversant nos habitudes d’écoute. C’est ce qu’ont cherché à faire les auteurs des textes réunis dans ce volume, qui entend jeter une lumière nouvelle sur la manière dont ce compositeur de talent a greffé sur les techniques spectrales de puissantes stratégies de saturation, déformation et dégradation de la matière sonore, au sein d’une création musicale qui semble définitivement brouiller les limites entre culture « savante » et « populaire ».