Le charbon de bois alimente les hauts fourneaux jusqu'à la fin du XIXe siècle, à l'apogée de la civilisation de l'acier.
Le métier de charbonnier, difficile et nécessitant un savoir-faire certain, est recherché et bien payé, mais oblige à vivre en forêt près des meules. Ce livre décrit les secrets de fabrication et l'imbrication de tous les métiers annexes, du bûcheron au maître de forges. Il raconte la vie quotidienne et familiale des charbonniers vivant dans leurs cabanes, migrant vers d'autres lieux selon les coupes de bois, devant s'adapter à cette vie sauvage en pleine nature ; et témoigne aussi de la nécessaire solidarité amenant à l'organisation de cousinage, les Bons Cousins Charbonniers, société mutuelle avec ses rites et ses cérémonies.
Nous suivons l'ouverture de ces rituels de Bons Cousins Charbonniers à des gens de la ville, et le croisement de ces sociétés avec la franc-maçonnerie. Nous découvrons aussi l'importance que prennent les réunions mystérieuses en forêt (les " Ventes "), dans un contexte pré et postrévolutionnaire ; le basculement de ces sociétés vers le carbonarisme en Italie et en France pendant la Restauration ; ainsi que la répression au début du Second Empire, jusqu'à leur extinction.
Une renaissance de ces rites forestiers, sorte de franc-maçonnerie des bois s'appuyant sur une synthèse des rituels anciens, apparaît en Bretagne au début des années 1990. Ces " Ventes " de Bons Cousins Charbonniers se tiennent en forêt pour réfléchir sur les problèmes actuels de l'écologie, de l'importance des arbres, du devenir de l'humanité.