À l’ère de l’économie de la connaissance, le besoin d’un enseignement supérieur et d’une recherche de tout premier rang semble devenu l’un des facteurs cruciaux de la compétitivité à long terme des économies et de leur performance de croissance. C’est ainsi que l’on assiste, depuis quelques années, à la mise en mouvement de l’ensemble des systèmes d’enseignement supérieur sur fond de compétition mondiale, à grand renfort de classements internationaux. Dans ce contexte, nous nous demanderons néanmoins dans quelle mesure les universités peuvent être considérées comme des unités stratégiques actives capables de se finaliser, de s’organiser et de réguler l’action collective qu’elles génèrent. Pour toute une série de facteurs théoriques comme organisationnels, ce questionnement à première vue classique ne va, en effet, pas de soi. Pourtant, confrontées aux défis de la démocratisation de l’enseignement supérieur et aux pressions institutionnelles comme sociétales qui leur sont liées, les universités sont de facto devenues des unités stratégiques actives (bien que leur capacité à concevoir et appliquer une stratégie reste très différente d’un modèle à l’autre). Au final, le fait d’envisager les universités comme des organisations complexes et d’appréhender la nature composite de leurs processus stratégiques restent, pour nous, deux conditions nécessaires à la compréhension de la formation des stratégies universitaires.