Vénitiennes au peigne fin
Lucien d'Azay
Editeur: Les Belles Lettres
De même qu’il existe un mythe, polymorphe et sempiternel, de la Parisienne, la Vénitienne est une figure allégorique à travers les âges. Telle est l’hypothèse de ce livre qui propose des portraits de Vénitiennes fictives ou réelles. Le rapport original et intime que chacune d’elles entretient avec la Cité île contribue singulièrement au charme que je lui trouve. Nous nous évadons dans une ville comme dans un théâtre où nous espérons rencontrer l’être qui la personnifie. Le fantasme sous-jacent à ce désir tient sans doute à une pulsion purement physique, l’envie d’appartenir à un monde utopique par la sensualité. Il se peut que cette pulsion soit amorale et inavouable ; je n’affirme pas qu’elle est édifiante, mais je pense qu’elle joue un rôle décisif dans le besoin qu’éprouvent les hommes de voyager, de rejoindre la destination de leurs rêves, quitte à s’y installer, alors qu’ils pourraient tranquillement rester chez eux et se contenter de lire, fût-ce d’une seule main, des récits de voyage ad hoc. Esquissés tantôt de mémoire, tantôt sur le vif, les portraits que j’ai réunis ici sont une tentative d’illustration par l’exemple de la fantasmagorie que je viens d’évoquer. Je laisse au lecteur le soin, et le plaisir, j’espère, de décider si, de ces divers avatars, se dégage un « type » emblématique de la Sérénissime.