Les racines philosophiques de la psychanalyse s’esquissent au cours du xviie siècle européen. Deux contemporains, Pascal et Spinoza, ont élaboré le concept du néant dans un sens qui, débordant l’énoncé théologique de leur temps, s’avère proche aujourd’hui de celui qui fédère amplement notre contemporanéité : leur notion de créativité humaine, en effet, s’inscrit déjà en tant que condition fondatrice de l’existence. Ces grands penseurs vont marquer le passage historique de la convention théologique à l’objet philosophique, en adoptant des démarches diamétralement opposées. Pour Pascal, l’homme se situe entre le néant et l’infini, deux grandeurs inaccessibles, qui posent de ce fait la limite de notre pensée. Spinoza résout la question par une définition rationnelle de l’infinité. Dieu n’ayant plus le statut de juge, n’est responsable ni du bien, ni du mal. Ce vide radical d’instance morale et religieuse est libérateur pour la pensée de l’homme. Freud, face à l’insondable du réel inconscient, dira que le désir indestructible est le noyau de notre être, avançant ainsi la thématique du néant dans sa relation inextricable avec la nécessité primordiale de l’écriture.