L’Œdipe, comme on sait, n’a pas bonne presse. Qu’est-ce pourtant qui permet à un sujet de s’arracher à la prison d’une relation duelle au désir de sa mère, sinon un tiers signifiant : le père symbolique (lequel n’a nulle raison de recevoir même figure partout et en toute culture) ? Et comment se pose, pour le sujet, l’articulation de tout désir à une loi d’interdit, sinon par la figure du père idéal, effet induit dans l’imaginaire par le père symbolique : tout à la fois pôle d’identification et représentation d’une différence figée ? Figure, le père idéal, dont M. Safouan remarque qu’il faut être aveugle à son rôle dans la constitution d’un sujet pour croire l’Œdipe artificiel et contournable. « Faute de dégager cette figure, tout discours sur l’Œdipe s’inscrirait dans les effets mêmes de l’Œdipe : et garderait par là un caractère idéologique. » Enfin, rien ne permettrait de réaccorder ce qui s’est ainsi trouvé opposé, entre désir et loi, en l’absence du père réel qui seul peut diriger le désir en dehors de la famille. Cette réflexion sur l’Œdipe, dont tout l’axe porte sur le père, et qui permet d’avancer que l’Œdipe c’est la castration, est une référence incontournable du champ psychanalytique. Une nouvelle édition s’avérait nécessaire après quarante ans.