La Crise de vers déclarée par Mallarmé en 1897 ouvre, quant à la poésie, le temps d’une crise d’autorité, qui se manifeste d’abord par une «?perte d’auréole?», par une «?indéniable décrue de prestige […] en même temps que d’audience?» (Jean-Claude Pinson). Cet ouvrage montre comment la poésie moderne et contemporaine aura fait de cette crise sa question insigne. Elle impose en effet sa singularité par la réfutation d’une triple autorité : l’autorité du monde, auquel le poème pourrait référer?; l’autorité d’un sujet, qui pourrait en assigner l’origine?; l’autorité de la langue même, qui lui prescrit les règles de ses tours. Assumant et aggravant ainsi sa propre crise, risquant peut-être d’y sombrer, la poésie prétend dessiner la figure inédite, proprement inventive, d’une autorité sans autorité.