Cet ouvrage étudie la qualité du lyrisme de Jacques Dupin dans l’ensemble de son œuvre pour montrer que le «?contre-chant disloqué?» n’est pas la fin du chant. La poésie et la critique de Dupin recherchent un accord entre le sujet, le réel et le langage pour partager le chant du monde avec ses fulgurances et ses fêlures. D’une poétique de la dislocation surgit un lyrisme sec et heurté, témoin d’un sublime noir. Dans cette parole désenchantée et discordante, marquée des cicatrices de la finitude et du non-sens, le souffle de la dislocation fait renaître le poète à l’essence de l’être et du langage grâce à la puissance politique et éthique de la violence. Dès lors, l’écriture disloquée n’est pas une aporie, car le geste poétique parvient à partager un élan authentique et une juste présence. La discorde devient paradoxalement la chance du renouveau d’un lyrisme singulier alimenté par une éthique de la dissonance. Surgit la promesse d’un chant, à travers les scansions du rythme de l’être et la sonorisation d’une voix rauque gagnant sa liberté grâce au refus d’une illusoire harmonie. La conjonction des arts permet d’ajuster les voix désaccordées en un lyrisme polyphonique. Ouvrant le poème sur le tableau et la musique, la parole se sauve en accueillant l’intense présence du réel et le souffle de l’art.