Le dessin dit-il le texte ou le texte explique-t-il le dessin ? Jean-Louis Claret n’illustre pas seulement Shakespeare : il réalise une exégèse par le dessin, rendant Shakespeare immédiatement compréhensible aux étudiants et aux lecteurs-spectateurs, par des portraits à la fois hors du temps et au trait d’une grande contemporanéité. Puis il éprouve le besoin d’analyser son dessin, en une démarche qui en dit la genèse et le sens, de façon simple, tour à tour émue et enjouée. Les dessins sont des explications muettes du texte, mais Jean-Louis Claret leur donne la parole – et c’est pour dire que le dessin est parole. Une circularité s’établit donc du texte de Shakespeare au texte de Claret en passant par les silencieux personnages dessinés, qui sèment la mélancolie et l’épouvante. Et cette circularité reproduit celle du théâtre, où les mots et les visions font du lecteur un spectateur et du spectateur un penseur. L’exégèse dessinée : Claret invente un genre, par sa démarche de recherche-création, où le monde shakespearien est poreux à ses émotions personnelles et où son vécu trouve une résonance dans les paradigmes du grand dramaturge. La main, alors, dit dans les dessins les silences de Shakespeare, résonnant lourdement de ses mots définitifs.