Nature et forme de l'Etat capitaliste
Collectif Collectif
Editeur: M EDITEUR
L'Etat capitaliste n'apparaît pas pour ce qu'il est. Sa nature est voilée. Il apparaît comme « à coté et au-dessus de la société civile » (Marx). Sa nature de classe est voilée parce que son apparente neutralité repose sur le fétichisme de la marchandise. Ce même fétichisme agit sur les salariées qui ne perçoivent pas leur exploitation. Les mécanismes d'extraction de la plus-value sont donc camouflés.
Marx et Engels partent de la définition abstraite de l'Etat, le « capitaliste collectif en idée », pour appréhender le régime politique, lequel représente la forme concrète d'existence de l'Etat ou sa matérialisation. Le régime politique est distinct de l'Etat, mais est en même temps sa forme d'existence concrète. Il est une manifestation de l'Etat, mais n'est pas l'Etat. Le régime politique est à l'Etat, ce que le prix est à la valeur.
Le régime politique est le résultat de luttes entre les classes et les fractions de classe, tandis que l'Etat capitaliste résulte des rapports sociaux de la production capitaliste (mode de production) ou encore « dérive » du capital pour les Etats capitalistes du centre et de l'économie capitaliste mondiale pour les Etats dits de la périphérie. C'est ce qui permet de comprendre les multiples formes d'existence de l'Etat capitaliste, c'est-à-dire la multiplicité des régimes politiques : monarchie constitutionnelle, république, régime présidentiel, dictature militaire, dictature fasciste, etc.
L'Etat est le garant du maintien du mode de production capitaliste et de la pénétration de marchandise dans l'ensemble de la société. Il est également le garant de la reproduction sociale. Ses interventions se situent par rapport à ces nécessités. C'est pourquoi il ne saurait se confondre, sauf rarissimes exceptions, avec le capital individuel. S'il est relativement autonome par rapport aux capitalistes et aux différentes classes sociales, il ne l'est pas par rapport au capital dans sa totalité, c'est-à-dire par rapport au mode de production capitaliste.
Les auteurs de cet ouvrage reprennent à bras-le-corps la question de l'Etat, la confrontent aux différentes traditions marxistes et discutent de l'approche dite de la « dérivation », une avancée importante dans l'analyse de l'Etat.