Le Dictionnaire général de la langue française d’Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter et Antoine Thomas, paru en 1900, annonce la grande révolution métalexicographique de la deuxième partie du xxe siècle et de cette aube du XXIe.Pour la première fois, on y construit la hiérarchisation du sens avec une grande rigueur. Répertoire historico-philologique précis, textuellement inattaquable, structuré de façon étonnante, fiable sur le plan du sens et même de la lecture, ce dictionnaire est un modèle de clarté. Le Dictionnaire général de la langue française est de nos jours trop oublié, parce qu’il est trop en avant à l’égard de son époque?: c’est le Petit Robert de l’aube du XXe siècle. Sur son lit d’agonie, avant de fermer les yeux, Darmesteter ne fait que prononcer l’expression «?la folie du dictionnaire?». Oui, une folie, mais c’est une belle folie, peut-être la plus belle des folies, dans l’amour de la langue française et de sa poésie, dont le dictionnaire, résultat d’une «?pratique globale?» (Alain Rey), se révèle comme le monument à la portée de tout le monde.