Malgré des débuts prometteurs, le retour de la tragédie grecque en France s’estompe brutalement à partir de 1550, laissant la voie libre à Sénèque comme seul modèle antique dans la naissance et le développement de la tragédie française. Comment justifier le silence étonnant qui sépare les premières traductions de Sophocle et Euripide, sous François Ier, du succès de Phèdre de Racine en 1677 ? L’explication esquissée par l’ouvrage décloisonne les champs de recherche pour montrer que l’intérêt fluctuant envers le théâtre athénien tient à des préférences extra-littéraires : derrière la passion pour le grec s’en cache une autre, inavouable, pour la lecture de la Bible en langue originale. Une passion dangereuse que le Concile de Trente s’empressera d’effacer pendant plus d’un siècle, retardant ainsi l’éclosion d’une tragédie française d’inspiration grecque. L’histoire d’une occasion manquée.