Les discours de la morale à l’époque moderne exigent d’être pensés aux confins d’une anthropologie des mœurs, de l’histoire et de la philosophie, de l’épistémologie et de la littérature. C’est ce qu’ont mis en lumière les recherches contemporaines portant aussi bien sur l’histoire des mentalités et sur les rapports entre anthropologie et littérature que sur la dimension éthique des pratiques artistiques et la pensée morale. Dans ce contexte, comment aborder la réflexion morale sous l’Ancien Régime sans s’intéresser à ses fondements philosophiques, aux différentes définitions dont elle fait l’objet ou à ses prolongements artistiques et littéraires ? Théologiens, philosophes, moralistes, artistes, hommes et femmes de lettres sont autant de figures de la République des Lettres qui prennent la plume pour interroger la topique des vices et des vertus, qui échappe progressivement au domaine religieux pour investir celui de la philosophie et devenir ainsi l’objet d’un questionnement général sur l’homme et sur l’idée d’humanité. Ces actes du onzième colloque « Jeunes chercheurs du CIERL » proposent un regard critique sur la frontière entre vice et vertu : d’une laïcisation à une relativisation de la morale, elle semble se faire de plus en plus ténue et poreuse, donnant ainsi à voir les effets de tension qui parcourent la réflexion morale, et ce, dès la Renaissance.