Cette étude vise à définir les modalités argumentatives de la rhétorique encomiastique dans les éloges collectifs de femmes imprimés qui firent florès dans la première moitié du XVIe siècle, à travers les recueils de femmes illustres (qui célèbrent des figures exceptionnelles) et les apologies du sexe féminin (qui défendent l’ensemble des femmes par la louange). La perspective rhétorique adoptée s’appuie sur les manuels de composition et les traités de rhétorique anciens, ainsi que sur les théories récentes de l’argumentation. Ce livre montre comment – par quelles voies de l’invention et par quels dispositifs formels – s’élabora un discours de célébration à propos de la femme, alors même que cette dernière réunit des discours contradictoires. Il entend en outre mettre en évidence un aspect méconnu de l’éloge : sa fonction de redéfinition de l’objet célébré ; il propose, dans une perspective de poétique des genres, une réflexion sur la rhétorique épidictique comme un espace propice à l’exploration d’enjeux éthiques, tels que la mise en vedette de figures féminines singulières, le façonnement de la persona auctoriale ou encore l’introduction d’objectifs secondaires porteurs de valeurs nouvelles. Au-delà de la volonté de célébrer les femmes, les éloges collectifs deviennent le creuset d’enjeux sous-jacents : louer les femmes fournit souvent un truchement pour parler d’autre chose.