Abraham Bosse n’est ni le perspecteur sectaire ni le polémiste teigneux qu’une tradition continue et irréfléchie nous aura livré. Il faut bien plutôt le placer à l’origine de la théorie des arts du dessin en France. Nouée à sa pratique de la gravure, la perspective arguésienne lui permet une théorie de la représentation aussi bien qu’une pensée de la touche, c’est-à-dire d’une véritable invention manuelle. Bosse prononce d’emblée, pour la théorie de l’art, une voie originale qui anticipe par bien des aspects sur Roger de Piles et qui, pour l’essentiel, ne sera pas suivie d’effets académiques ; d’où le relatif oubli dans lequel ses leçons sont tombées. Celles-ci persistent cependant à demeurer magistrales autant qu’elles furent précoces, et nous sommes au temps où leurs conséquences sont devenues évidemment perceptibles : il faut relire Abraham Bosse.