La croyance est toujours diverse et multiple, comme le souligne la riche polysémie du verbe croire. La langue offre ainsi bien des nuances sur le mode de croire, nuance que la psychanalyse tente de mettre en valeur. Dans sa pratique, le psychanalyste s’appuie pour cela sur ce que Lacan appelle le semblant et dont il fait un concept clé. Si l’analyste est un semblant, « semblant d’objet », cela ne signifie nullement que sa fonction s'en trouve réduite. Au contraire, la relation du psychanalyste à l'analysant, par le transfert, révèle son ampleur et son importance. Mais que serait ce semblant sans la possibilité offerte à l’analyste d’une réponse qui ne soit pas le silence absent ? La négation est un autre outil que fournit la langue à l'analyste, et Lacan prend comme modèle d’un Œdipe moderne une autre trilogie, celle de Claudel, avec le « non » radical de Sygne de Coûfontaine, répondant d’une éthique contemporaine, d’un « ne pas céder sur son désir ». « Dire que non », qui vaut autant pour le psychanalyste que pour beaucoup d'autres praticiens, revêt alors une dimension essentielle.