Bien que les corpus bibliographiques montrent que le nombre de femmes auteurs d’ouvrages à sujet linguistique avant la fin du XVIIe siècle fut très réduit, celles-ci ont apporté une contribution fondamentale – jusqu’ici souvent négligée – à l’innovation de la langue française aux XVIe et XVIIe siècles. Faisant preuve de courage, elles ont animé la polémique sur ce sujet qui opposait les défenseurs de l’héritage humaniste au parti des innovateurs. Parmi les premiers, surgit le nom de Marie le Jars de Gournay, « femme studieuse », auteur d’une œuvre singulière pour l’ampleur, la variété et les sujets traités. En faveur des nouveaux théoriciens, s’expriment au contraire les « paidagoguesses poupines », investies de la tâche d’arbitres du bon usage et, pour cela, objet des nombreuses attaques de leurs adversaires. Cette étude entend prouver comment, au-delà de tout opposition, les mots de ces femmes ont défié les stéréotypes sociaux et enrichi de propos stimulants et innovateurs le débat linguistique et culturel de l’époque.