La correspondance a représenté un instrument efficace de communication à distance à l’époque prémoderne. Reliant l’épistolier et ses destinataires en dépit de l’éloignement spatial et temporel, la lettre a assuré un lien social, intellectuel, politique, et contribué ainsi à la civilisation des mœurs. Un lien plus ou moins fort s’est établi, selon les époques et les contextes, entre l’aspect formel de la lettre – son dispositif, ses stratégies discursives, les registres employés – et les enseignements de la rhétorique. Les choix linguistiques nous renvoient aux compétences littéraires et aux capacités expressives propres à chaque épistolier, qu’il soit écrivain, artiste ou courtisan. Médium de l’interaction à distance, la lettre supplée l’impossibilité de l’échange oral par la profusion de la parole écrite ; elle délie alors la langue, invitant à l’épanchement de l’amitié et des sentiments.