La sociologie historique des sciences et des techniques est, davantage qu’une discipline, une pratique et une mise en œuvre d’un ensemble varié de méthodes historiques et sociologiques croisées. Cet ouvrage propose donc une approche méthodologique et empirique de ce segment de recherche aux riches potentialités. Deux problématiques structurent le livre. Il s’agit tout d’abord d’enquêter sur la production et la circulation des concepts dans des contextes variés (marxisme, épistémè foucaldienne). Ensuite, parce que la sociologie historique des sciences et des techniques offre une potentialité d’expressions théoriques larges, l’ouvrage avance la proposition d’une conceptualisation du rapport entre savoir et pouvoir autour d’un régime régulatoire des sciences et des techniques. Le cadrage par le droit, la professionnalisation de certaines activités savantes, les effets de la bureaucratisation et la mobilisation de valeurs spécifiques délimitent un ensemble de pratiques scientifiques et techniques déployé par et pour l’État. La mise à l’épreuve historique de ce schéma théorique permet de signaler, depuis le XVIe siècle, les grandes inflexions d’une science destinée à soutenir et organiser l’action rationnelle du pouvoir.