Cette première édition critique des onze livrets écrits par Quinault entre 1673 et 1686 pour les tragédies en musique de Lully rend justice à l’une des meilleures réussites de l’esthétique galante qui marqua les années glorieuses du Roi Soleil. Au rebours des livrets d’opéra des XVIIIe et XIXe siècles, plus banals, ceux de Quinault témoignent d’une maîtrise esthétique, poétique et même politique à la fois nuancée, suggestive et savoureuse : lus et admirés par ses contemporains indépendamment de la musique mais parfaitement adaptés à celle-ci, ils constituent une expression plus fine que pompeuse du goût français sous Louis XIV. Au moment où l’opéra baroque du Grand Siècle revit grâce au talent des musicologues et des musiciens, découvrir ces textes permet de comprendre pourquoi « la douce harmonie de la poésie, le naturel et la vérité de l’expression » (Voltaire) qui caractérisent Quinault le firent choisir par Lully pour remplacer Molière auprès de lui, malgré la présence de concurrents aussi prestigieux que Racine, La Fontaine et Boileau !