Il s’appelle Diego, surnommé La Bête. Avec ses copains, il est rabatteur pour l’agence de top-model Elite, un club de chasseurs de filles qu’ils collectionnent en grand nombre, en attribuant des points à leurs performances sexuelles. À l’arrière d’un bar sombre, Diego livre le récit glaçant de ses «exploits», des viols et des relations avec des mineures, abruties de cocaïne. Il ne le sait pas, mais le photographe de mode à qui il livre ses confidences est un reporter de la BBC infiltré au sein de l’agence Elite. Donal McIntyre filme et enregistre en secret la conversation pour son émission McIntyre Undercover. Y compris le patron de l’agence, en train de demander à une fille de quinze ans si elle est d’accord de «baiser pour 300 livres ».
Donal McIntyre appartient à la longue tradition de reporters de télévision qui pratiquent un genre journalistique à hauts risques : la caméra cachée. Héritiers de collègues de la presse écrite, comme l’Américaine Nellie Bly, qui, en 1887, se déguise pour se faire interner dans un hôpital psychiatrique de New York et en dénoncer les conditions abominables, ces reporters intrépides et engagés, hommes et femmes, ont écrit les plus belles pages du journalisme d’investigation en télévision.
Voici l’étonnante histoire de la caméra cachée en télévision. De «la caméra invisible», pour divertir, aux grands scoops du siècle, pour dénoncer et révéler, voici le récit d’une aventure journalistique qui sent le soufre, souvent à la limite de la déontologie et des lois.