Valeur héritée, valeur refondée à l’aune de la régénération, de l’unité et de la fraternité espérées, quel est le statut de l’amitié dans les projets républicains et les communautés utopiques ? Que deviennent dans la Révolution la culture salonnière et l’idéal maçonniques qui reposent ô combien sur l’entrelacs des relations individuelles ? Comment se nouent, se dénouent ou, au contraire, résistent sur le long terme, les solidarités amicales (dont la camaraderie scolaire ou estudiantine, le compagnonnage professionnel, les réseaux familiaux hérités) confrontées aux événements révolutionnaires ou contre-révolutionnaires, à l’interdiction ou aux remodelages des réseaux, aux choix politiques enfin ? Quelle est la part de la mixité, de la virilité, voire de la sexualité dans ces relations privilégiées en une société misogyne ? Peut-on mesurer comment s’associent selon les temps, raisons, obligations, peurs et sentiments ? Par quelles preuves, quels mots, quels gestes, se déclare et vit une relation amicale ? Dans le sillage ouvert par l’histoire des émotions et des sensibilités, il s’agit ici d’apporter de nouvelles réponses et de nouveaux éclairages.