Émile Zola, auteur des cycles Les Rougon-Macquart, Les Trois Villes et Les Quatre Évangiles, a offert à la postérité des milliers de feuillets manuscrits, sans compter ceux de ses drames lyriques, nouvelles, chroniques. En somme, une archive-monde. Durant plus d’un siècle, la critique s’est penchée sur ses manuscrits avec passion, colère, émerveillement, humilité et respect. Zola déconcerte car il fait exploser les cadres d’écriture et de pensée, au-delà de la théorie naturaliste. Au fil d’un voyage dans les arcanes de son atelier, la création s’étudie d’abord dans un environnement matériel de travail, à Paris, à Médan. Puis nous entrons dans le ventre des cycles qui absorbe la science, les arts et les techniques, sans minorer les héritages de la bibliothèque d’homme de lettres. De la lecture à l’écriture, nous voici dans la chair des œuvres : dans les dossiers préparatoires solides et méthodiques, laissant toutefois la porte ouverte aux déviances de l’imaginaire, aux fulgurances du talent, aux expérimentations narratives, de la première ébauche aux ultimes variantes des épreuves corrigées. Vient ensuite la scénographie sociale de la création, dans ce siècle de la presse, des caricatures violentes et de la réclame. Le manuscrit est alors un objet médiatique du tourbillon littéraire fin-de-siècle et Zola fait de la naissance des œuvres un magistère dont tout apprentissage de l’écrit, initial ou continu, pourrait aujourd’hui encore se nourrir. Cet essai peint le portrait d’un Zola moderne. Un Zola à découvrir au plus près de son génie créatif.