Le 17 septembre 1878, Robert Louis Stevenson, alors âgé de vingt-huit ans, écrit à son ami Charles Baxter : « Je vais bientôt entreprendre un voyage pour lequel j’achèterai un âne, et duquel, s’il n’en sort pas un livre, que ma main droite oublie son agilité. » Le 22 septembre, il entame ce périple cévenol de douze jours, qui le conduira du Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Après le retour de la femme qu’il aime en Californie, il fait l’expérience de la solitude, avec pour seule compagne de voyage, aussi rétive qu’attachante, son ânesse Modestine. D’étape en étape, Stevenson parcourt les paysages grandioses et rugueux des Cévennes qui lui rappellent son Écosse natale. Campant parfois à la belle étoile, il communie avec la nature dans ce qu’elle a de sublime. Ce voyage initiatique au cœur d’une région baignée par le protestantisme ne le laissera pas indemne : c’est en dépeignant des personnages et des paysages hauts en couleurs qu’il pourra polir, dans le récit de sa randonnée, son art d’écrivain.
Traduction, introduction et notes de Jean-Pierre Naugrette.