« Comme convenu M. Tournai, l’instituteur de mon village est venu me chercher à la maison pour m’emmener à l’internat du collège où je viens d’être admis en sixième. C’est un dimanche après-midi, le dernier dimanche de septembre. La voiture est pleine, du moins, une grande partie du siège arrière et le coffre. Il me faut emporter un matelas, deux couvertures, des draps, ma valise, ma boîte de réserve pour la cantine, confectionnée pour l’occasion par le menuisier du village, ma boîte de dortoir, ma boîte à chaussures. Il reste juste, à l’arrière de la voiture une petite place pour moi. Ma sœur de treize ans mon aînée qui m’accompagne a pris place à l’avant. M. Tournai avait promis à mes parents qui n’ont pas de voiture qu’il m’emmènerait au collège la veille de la rentrée, il tient parole. Il est très heureux, cela se sent, bien qu’il soit de nature réservée : “Nous avons réussi, Bernard, la route s’ouvre pour toi... ” »