Pour la 9e session des Journées de Bondues, le choix s’est porté sur un thème d’apparence classique « Vivre sous l’Occupation » que Dominique Veillon a particulièrement bien analysé. Mais, pour la zone interdite, la recherche d’Alain Petit mise à part au même titre que quelques monographies urbaines, les travaux demeurent peu nombreux. Surtout, aucune recherche n’a été conduite sur la problématique que soulèvent la guerre et l’occupation de la région : illégalité, collaboration, résistance. Un constat d’évidence s’impose : la vie de chacune et de chacun est très profondément perturbée et la « vie d’avant » que regrettent les témoignages ne semble pas restaurable dans l’immédiat. À cet égard, le Journal de guerre de Denise Delmas-Decreus, une jeune institutrice affectée à Hazebrouck, offre des éclairages lucides et pertinents sur le ressenti des populations civiles. L’exode des populations locales a dispersé souvent des familles qui tentent de se retrouver tandis que d’autres attendent le retour de « l’absent » c’est-à-dire du prisonnier. La répétition des bombardements et la vie quotidienne dans des paysages de ruines entraînent le déplacement fréquent puis forcé de celles et ceux que les autorités évacuent des zones littorales ou des sites stratégiques pour la durée de la guerre. Les aléas du ravitaillement dessinent également la réalité quotidienne puisqu’il est notoirement insuffisant et de qualité très irrégulière...