Le dieu, le mouvement, la matière
Alexandra Michalewski
Editeur: Les Belles Lettres
Les débats sur la génération du monde à la fin de l’Antiquité constituent un chapitre majeur de l’histoire de la métaphysique. Le projet de cet ouvrage est de montrer que, derrière cette question bien connue, et posée par Platon dans le Timée, se joue un débat plus profond. Prenant comme perspective la réception des doctrines du platonicien Atticus (IIe siècle), il se propose de retracer l’histoire des interprétations du grand dialogue cosmologique de Platon aussi bien dans le néoplatonisme païen qu’au sein de la pensée philosophique chrétienne. Porphyre (IIIe siècle), figure fondatrice du néoplatonisme, révèle que si la question de la génération du monde est devenue centrale, c’est parce qu’elle témoigne de divergences entre deux manières d’interpréter la doctrine de Platon concernant le mouvement désordonné dont s’empare le démiurge pour façonner l’univers. Tandis que les uns y voient la preuve de l’existence d’une matière précosmique, les autres l’interprètent comme une hypothèse donnant à voir la nature des corps en l’absence de la cause divine. L’ouvrage examine comment la théorie principielle d’Atticus, justifiant l’interprétation de la génération temporelle de l’univers, sert de support aux apologistes chrétiens tandis qu’elle est comprise par Porphyre comme l’emblème d’une interprétation à contre-sens de Platon. En soutenant que Platon traite non pas de la matière mais des corps, Porphyre affirme que le monde est engendré non parce qu’il aurait un commencement temporel, mais parce qu’il est une réalité composée, adaptant en contexte platonicien plusieurs éléments-clés de l’aristotélisme. Le dernier chapitre analyse l’influence de Plotin dans l’élaboration de cette interprétation, à partir de l’étude des témoignages concernant son enseignement oral.