« Les Noirs seront-ils capables de se maintenir à Harlem ? », se demandait James Weldon Johnson en 1925. Ce livre offre, près d’un siècle plus tard, une réponse à sa question. Harlem ne sera bientôt plus un quartier noir américain. Peut-être ne l’est-il déjà plus. Sa reconquête, entamée dans les années 1980, s’est accélérée à la fin des années 2000, soutenue par les gouvernements municipaux successifs. La gentrification de Harlem résulte en effet largement des politiques publiques volontaristes qui y ont été déployées. La présentation de plusieurs conflits locaux met en évidence les frictions et les tensions qui ont émergé entre les habitants, la municipalité et les acteurs privés. La mobilisation locale n’aura pourtant pas réussi à empêcher le déplacement des habitants les plus pauvres et à faire valoir leur droit à la ville. Par ailleurs, en faisant l’histoire de la gentrification de Harlem, ce livre contribue à documenter les modalités de mise en œuvre du racisme systémique et à enrichir la compréhension des dynamiques historiques de subjugation des espaces et des populations noires aux États-Unis.