Nathaniel Hawthorne (1804-1864)
"Dans une de nos villes de la Nouvelle-Angleterre, au bord d’une ruelle étroite, une maison de bois aux teintes rouillées ; – elle a sept pignons élancés qui font face à différents points de l’horizon ; – au centre une massive cheminée groupant plusieurs tuyaux accotés l’un à l’autre. La rue s’appelle Pyncheon-street ; la maison est l’antique Pyncheon-House, et ce grand ormeau dont le tronc puissant se dresse devant la porte est connu de tous les gamins de la ville sous le nom de l’orme-Pyncheon. Quand je traverse par hasard la ville en question, il m’arrive souvent de descendre Pyncheon-street pour passer à l’ombre de ces deux monuments archéologiques, le grand orme et la maison battue des vents. Elle a pour moi comme une physionomie humaine ; j’y retrouve en quelque sorte la trace d’une longue vie et des vicissitudes qu’elle a dû subir. Bien racontées, elles nous offriraient un récit qui ne manquerait, à coup sûr, ni d’intérêt ni d’enseignements, et dont l’unité, qui plus est, pourrait sembler le résultat d’une préconception d’artiste. Mais quel in-folio, que d’in-douze ne réclamerait-il pas ? Aussi écarterons-nous la plupart des traditions qui se rattachent à l’antique Pyncheon-House, également connue sous le titre de la Maison aux Sept-Pignons, nous bornant à rappeler dans quelles circonstances elle fut fondée, et cela pour indiquer en passant à nos lecteurs une vérité dont on tient généralement trop peu de compte. Cette vérité, la voici : l’activité de chaque génération qui passe est un germe qui, dans un avenir éloigné, peut et doit produire des fruits bons ou mauvais, – de telle sorte qu’en semant pour recueillir cette moisson immédiate dont le besoin les domine, les êtres humains déposent dans le sol de quoi faire pousser une végétation robuste, qui projettera sur le front de leurs descendants ses ombres bienfaisantes ou malsaines."
Dans la Nouvelle-Angleterre du XIXe siècle, une étrange maison... une étrange famille... pour une étrange histoire autour d'une malédiction...