Les Mémoires du " premier homme d'État moderne " (Charles de Gaulle).
Homme pressé, haut fonctionnaire, ministre des Finances à six reprises, président du Conseil et créateur de l'impôt sur le revenu, Joseph Caillaux (1863-1944) a parcouru au pas de charge toute la IIIe République.
Ce radical modéré, qui dominait le Parlement par sa fougue, son talent et ses connaissances en économie politique, a marqué son temps par la lucidité avec laquelle il en a analysé les faiblesses, et les solutions fortes qu'il n'a cessé de préconiser : rejet de la loi des Trois ans, négociations de paix avec l'Allemagne, union commerciale européenne... Ses audaces lui valurent plus d'ennemis que d'adeptes : il fut assailli de procès et de calomnies si violentes que sa femme, excédée, en vint à assassiner le directeur du
Figaro à la veille de la guerre de 1914. Condamné par la Haute Cour pour pacifisme, puis réhabilité, Caillaux se moquait de l'animosité qu'il suscitait, et il survécut finalement à l'hostilité combinée de Clemenceau et de Poincaré, ainsi que de toute la droite nationaliste.
En 1928, face à la montée des périls, le vieux lutteur entreprend la rédaction de ses Mémoires en trois volumes. La présente édition publie les meilleurs passages : Caillaux y donne une lecture sans fard de son époque, ponctuée avec humour de portraits et d'anecdotes, écrits d'une plume allègre, parfois trempée dans l'acide (au sujet de Clemenceau, Waldeck-Rousseau, Delcassé, Millerand, Briand, Jaurès, Poincaré, Barthou, Lebrun, etc.).
Un document essentiel pour la connaissance de la IIIe République, que la présentation et les notes éclairantes d'Henri Paul achèvent de replacer dans son contexte.