Voyages imaginaires, utopies, histoires fantastiques, réécritures de romans médiévaux, récits de rêves, romans ésotériques : ces différentes formes de fiction, qui prolifèrent au siècle des Lumières, ne sont pas la négation de la raison promue par les philosophes. Elles explorent les limites de la connaissance humaine du monde, elles examinent tout à la fois les composantes avérées du réel, l’univers régenté des croyances et des usages, la force déviante des préjugés et des présupposés, et les ressources de l’imagination face à l’inconnu ou à l’incompris. Ce sont des espaces de liberté et de jeu qui exhibent la position de la fiction : à la lisière, en relation constante, complexe et paradoxale avec le réel (ou ce qui est tenu pour tel), son examen, sa compréhension et ses représentations, en relation constante avec elle-même.