Son nom est Vincent mais il préfère qu’on l’appelle Luis. Comme Armstrong.
C’est un artiste, un vrai, capable de faire de la trompette sans trompette. Il lui suffit de souffler entre ses lèvres pour faire s’envoler les notes de la légende du jazz, dont il connaît tout le répertoire.
Il joue dans la rue ou les cafés, le reste du temps il observe le monde qui l’entoure, un monde qui ne lui renvoie que de l’indifférence ou du dégoût. Parce que Luis est obèse. Mais il se moque pas mal du jugement des autres et répète à l’envi que les gros ne sont pas dépourvus d’esprit. Il mène une existence tranquille et solitaire, jusqu’au jour où le passé remonte à la surface. Dans une forme de long monologue intérieur, il raconte son histoire entremêlée de souvenirs et dévoile peu à peu les raisons de sa désertion.
Avec Un accident, Marion Desjardins nous offre une diatribe sociale aux marges du loufoque et du grave, et le portrait génial d’un idéaliste inclassable. Entre le bouffon et le saint meurtri, Luis est de ces antihéros qui nous rappellent que les apparences sont souvent trompeuses.
Marion Desjardins est une écrivaine française. Elle a publié trois romans chez Gallimard, Les Mouches noires, Surtout, ne me raconte rien... et Portrait d’un absent. Un accident est son quatrième roman.