Le destin brisé d’un jeune poilu traumatisé par la guerre de 14-18
C’est dans la région paisible de la Haute-Loire que la guerre vient chercher Jules Matrat, un beau jour d’août 1914. La guerre, ce jeune homme n’y connait rien. Il n’a pas envie de la faire, comme il n’a pas envie de laisser Rose qu’il s’apprête à épouser. Mais il faut bien quitter la campagne pour se battre contre les Allemands, dans les tranchées boueuses et humides. C’est là que Jules fera la rencontre de Louis Agnin, autre jeune appelé venu des Alpes. Tous deux paysans, ils vont se lier d’amitié et rêver un instant d’ailleurs en évoquant leurs terres, les travaux des champs et leurs fiancées … Quand Louis est abattu, et que la guerre prend fin, il est temps pour Jules, comme pour les milliers de mutilés, de regagner leur foyer. Rose est là, les parents de Jules aussi. Ils attendent leur fils pour recommencer à vivre. Mais que reste-t-il de l’homme qu’ils ont connu après quatre années meurtrières ? Jules ne parvient pas à oublier les canons et les cris, et encore moins à raconter l’horreur. Hanté par des souvenirs traumatiques, il s’isole. L’incompréhension de ses proches fera bientôt place aux reproches…
Adapté du roman éponyme de Charles Exbrayat (publié aux éditions Albin Michel) ce premier tome d’une trilogie conçue comme « le récit de la vie quotidienne » raconte le destin brisé d’un jeune poilu hanté par les images d’une guerre qualifiée de « boucherie ». Cette œuvre émouvante, soulève la douloureuse question des survivants, sans oublier les disparus, considérés comme les seuls héros de la guerre réellement morts pour leur patrie. À l’aube des nouveaux conflits armés en ce début de XXIe siècle, Serge Fino dépeint avec un réalisme déconcertant, la détresse d’un homme et les conséquences sur les générations futures de tels massacres, s’affirmant du même coup comme un auteur majeur du 9e art.