Hériter de souvenirs si cocasses que sa vie en est enjolivée...
« Sans le savoir, sans le vouloir, elle a enchanté mon enfance avec son monde farfelu et délicieux. Téléphonant de bon matin au docteur pour se faire livrer des croissants au petit déjeuner ou se présentant torse nu à la boulangerie pour se faire ausculter, elle me faisait mourir de rire. Quand il faisait -10° dehors, elle sortait du lave-linge nos draps mouillés et les suspendait dehors pour les faire sécher sur le fil à linge du jardin en plein hiver. Mon père devait ensuite casser et replier les draps au marteau avant de pouvoir les ranger dans l’armoire de la maison. Parfois, discrètement dans la soupe, elle nous glissait des gros boulons et même quelques vis car, c’est bien connu disait-elle, le fer est conseillé aux femmes dans l’alimentation par tous les plus grands médecins nutritionnistes. Ma grand-mère Lucette a mis chaque jour de la poésie dans notre quotidien pendant toute ma prime jeunesse. Pour elle, l’envers était l’endroit et l’endroit était l’envers. Enfilant ses vêtements au hasard de la vie, ma grand-mère faisait du dadaïsme à sa façon. Deux petits chapeaux rose fuchsia lui servaient de soutien-gorge et ses bas de contention, souvent juchés sur le haut de sa tête, qu’il fasse chaud ou froid lui servaient de chapeau voire de tour de contrôle. »
Ces trois courts textes sont remplis de la nostalgie de l’enfance baignant dans la fantaisie, la folie douce, l’originalité. Beaucoup de fraicheur avec ces cailloux blancs de la mémoire qui repose du malheur du monde.