Source de multiples passions, de conflits géopolitiques et d'enjeux économiques... Voici l'histoire méconnue de la route la plus importante du monde.
Aujourd'hui, le canal de Suez est indispensable. Il suffit de s'intéresser aux conséquences de l'échouage du porte-conteneurs qui en a bloqué la navigation en mars 2021 pour s'en rendre compte. Passage stratégique entre l'océan Atlantique et l'océan Indien
via la Méditerranée et la mer Rouge, il dispense les navires de contourner l'Afrique et réduit ainsi de moitié la route des Indes. Chaque année, il voit passer près de 20 000 bateaux et fait transiter près de 10 % du commerce maritime mondial.
À la fois exploit technique, gageure financière, pari commercial et bombe politique, la construction du plus important canal du monde fut une véritable épopée. Exploit technique, d'abord, parce qu'il n'était pas facile – au milieu du XIXe siècle – avec les moyens dont on disposait alors, de creuser un canal de 160 kilomètres en plein désert. Gageure financière, ensuite, parce qu'il fallait trouver des actionnaires en nombre suffisant, alors que d'éminents ingénieurs affirmaient que cette voie d'eau était irréalisable ou ne tarderait pas à s'ensabler. Pari commercial, aussi, car cela supposait que la marine marchande délaisserait la route du Cap pour emprunter ce " second Bosphore " et abandonnerait la voile pour se convertir à la vapeur. Bombe politique, enfin, parce que l'Égypte était encore une province de l'Empire ottoman et que la Sublime Porte ne voyait pas d'un bon œil une telle entreprise, à laquelle l'Angleterre s'opposait absolument.
Du début de sa construction en 1859, jusqu'au rôle commercial déterminant qu'il joue de nos jours, en passant par les crises au Moyen-Orient (1956, 1967, 1973...), plongez au cœur de la fascinante épopée du canal de Suez. D'une plume enlevée, Robert Solé revient ainsi sur près de deux siècles d'une histoire haute en couleur et passionnante.