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grande couv
Histoire de l'alcool
M. Berthelot, Jules Rochard
Editeur: Editions Homme et Litterature
4,49 €

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L’alcool joue un rôle considérable dans nos civilisations modernes. Le nom « alcool » est moderne. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ce mot, d’origine arabe, signifiait un principe quelconque, atténué par pulvérisation extrême, ou par sublimation. Par exemple, il s’appliquait à la poudre de sulfure d’antimoine (koheul), employée pour noircir les cils, et à diverses autres substances, aussi bien qu’à l’esprit-de-vin. Au XIIIe siècle, et même au XIVe siècle et plus tard, on ne trouve aucun auteur qui applique le mot d’alcool au produit de la distillation du vin. Le mot d’esprit-de-vin ou esprit ardent, quoique plus ancien, n’était pas non plus connu au XIIIe siècle ; car on réservait à cette époque le nom d’esprit aux seuls agents volatils, tels que le mercure, le soufre, les sulfures d’arsenic, le sel ammoniac, capables d’agir sur les métaux pour en modifier la couleur.et les propriétés.

Quant à la dénomination eau-de-vie, ce mot a été donné pendant les XIIIe et XIVe siècles à l’élixir de longue vie ; c’est Arnaud de Villeneuve qui l’a prononcé, pour la première fois, pour désigner le produit de la distillation du vin. Encore l’a-t-il employé, non comme nom spécifique, mais afin de marquer l’assimilation qu’il en faisait avec le produit retiré du vin ; l’élixir de longue vie des anciens alchimistes n’avait rien de commun avec notre alcool. Cette confusion a occasionné plus d’une erreur chez les historiens de la science.

En réalité, c’est sous la dénomination d’eau ardente, c’est-à-dire inflammable, que notre alcool apparaît d’abord, et ce nom était également donné à l’essence de térébenthine. Tâchons de préciser, d’après les auteurs anciens et ceux du moyen âge, l’origine même de la découverte de l’alcool, en montrant les degrés successifs parcourus dans la connaissance de cette substance.