En 1940, un couple d’artistes entre en résistance pacifique sur l’île de Jersey. À deux, elles vont devenir le cauchemar de la Gestapo.
« Imagine-t-on pareille témérité ? » écrira Claude Cahun après la guerre. Comment croire qu’un couple de femmes artistes, bourgeoises, cinquantenaires, d’origine juive et à la santé fragile, s’élève seul contre les Allemands pendant les quatre années d’occupation de l’île de Jersey ?
Claude Cahun est l’une des figures les plus singulières de l’avant-garde artistique parisienne, connue pour son œuvre photographique qui explore les questions d’identité et de genre. Avec Suzanne Malherbe, sa compagne de toujours, elle adhère et participe activement au mouvement surréaliste et révolutionnaire antifasciste. Mais c’est sur l’île de Jersey, où elles s’installent en 1938, que va se déployer leur activité militante.
Insoumises, convaincues que la liberté et l’amour fraternel sont des valeurs universelles, Claude et Suzanne mènent une contre-propagande poétique ; une résistance de papiers, de bouteilles vides, d’emballages de cigarettes, et de milliers de tracts signés « Le soldat sans nom » pour créer l’impression d’une fronde au sein même des rangs allemands. Elles sont les francs-tireuses, usant de leurs armes spirituelles pour inciter les soldats à cesser de se battre. Les faits leur ont donné raison : Jersey a été libérée pacifiquement.
Les Francs-tireuses s’appuie sur des fragments de textes dans lesquels Claude Cahun et Suzanne Malherbe ont raconté leurs années de guerre. Fidèle à leurs actions et à leurs tempéraments, Emmanuelle Hutin s’inspire librement de ces écrits pour imaginer ce qu’a pu être leur vie à Jersey entre 1940 et 1945 et rendre hommage au courage de ces résistantes invisibilisées par l’Histoire.
Emmanuelle Hutin a publié un premier récit remarqué, La Grenade (Stock, 2021). En parallèle de l’écriture, elle est directrice artistique indépendante et enseigne le yoga au profit d’associations caritatives.