[Après ce petit interlude, revenons à nos moutons. Juste avant, nous parlions du manque cruel de moyens hospitaliers, et de son corollaire, la perte de sens, qui n’est somme toute qu’un moindre mal. Rentrons cependant quelque peu dans le détail : l’errance psychiatrique se conjugue aisément avec l’errance diagnostique. Qui dit manque de moyens, dit manque de temps. Qui dit manque de temps, dit diagnostic fait un peu trop rapidement. Qui dit diagnostic fait trop rapidement, dit « on s’est trompés de diagnostic, on s’est trompés de traitement, on va refaire un point ». On troque des effets secondaires médicamenteux pour d’autres. Qui dit « on va refaire un point » – tout aussi rapide que le premier –, dit perte d’argent, perte de confiance et épuisement du patient, des familles, et surcharge des services pour un diagnostic que l’on a mal abordé au départ. En conclusion, une mauvaise utilisation de moyens insuffisants, amenant à nouveau à un manque de moyens et une perte de temps. La quadrature du cercle. À ce stade-là, généralement, on prend les mêmes et on recommence une, deux, trois, quatre, cinq fois. Et plus si affinités.]