La nostalgie, passion des retours impossibles, naît de l’expérience du manque. Les lieux, temps et états hors de portée – terre natale, âge d’or, origine, vie intacte – sont les objets de cette langueur, faisant du sujet nostalgique un être doublement présent et absent, entre enracinement et errance. Ce néologisme, forgé au xviie siècle pour désigner le mal du pays, évoque aujourd’hui aussi bien une posture passéiste qu’une ressource psychique face à la mort inévitable, ou encore l’aspiration à un idéal. Faits et fantasmes à la fois, les objets hybrides de la nostalgie sont invoqués et transposés par le théâtre. Art des sens et du partage de matières, d’odeurs, de lumières et d’ombres, de sons et de silences, il sait, tout comme la madeleine de Proust, rendre présent l’inaccessible et faire émerger des sensations nostalgiques en donnant chair et relief aux « fantômes du regret » (A. Camus). Cet ouvrage réunit vingt-et-un textes sur les pratiques et les discours nostalgiques – ou anti-nostalgiques – du xviie au xxie siècle, questionnant des stratégies et des dispositifs de mise en scène, de dramaturgie, du corps en scène, de transmission des savoirs incarnés, de scénographie et d’historiographie des arts vivants.
Avec les contributions de : E. Barba, E. Baudou, M. Bournot, L. Burgholzer, G. Di Palma, P. Frantz, R. Guarino, T. Julian, P. Lesquelen, A. Maïsetti, S. Marenzi, V. Mazza, Dario M. Nicolosi, L. Parisse, N. Pasqualicchio, B. Picon-Vallin, T. Pocquet, S. Poliakov, J.-M. Pradier, F. Ruffini, K. Tindemans.