Comptable des impératifs d’une réflexivité exigeante, la sociologie doit désormais faire face à une série d’enjeux liés à l’exploration de la dimension morale de la vie sociale, dont certains reconfigurent les contours de vieux débats sociologiques, comme celui qui oppose universalisme et relativisme. Un de ces enjeux est la reconnaissance du rôle des « économies morales » comme aiguillon des frustrations et des sentiments d’injustice et comme idiome de formulation des revendications politiques en matière de droits, voire comme des lieux où s’opère une définition alternative des droits eux-mêmes. Mais l’enjeu le plus important réside, sans doute, dans la délimitation de la morale et de ses frontières, avec le politique, le juridique, ou l’économique, étant donné que ces frontières elles-mêmes font l’objet de conflits et de déplacements continuels. Cet ouvrage se penche sur l’ensemble de ces questions en privilégiant deux entrées principales : d’abord, la manière dont les sciences sociales aujourd’hui se saisissent de la question morale sous plusieurs angles ; ensuite le rôle des analyses en matière d’économies morales dans l’étude de certains dispositifs de régulation et des formes d’engagement et d’action collective.