« La démocratie est la dictature de l'ignorance. » — PLATON.
Henri Sumner Maine, juriste et historien, professeur à l’université d’Oxford, nous offre un texte d’une incroyable modernité et lucidité sur la démocratie et ses fragilités. L’essayiste regarde les idées démocratiques comme une maladie relativement dangereuse, et il en détaille les signes diagnostiques avec une subtilité remarquable. Conscient que le droit occupe une place centrale dans l’histoire du changement social, il s’interroge sur la pertinence d’un gouvernement de la communauté par la foule. Il décortique et analyse les constitutions britannique, américaine et française. Dans la veine d’Alexis de Tocqueville, il nous met en garde sur les vices cachés de ce système de gouvernement. Il met en lumière dans cet essai des tendances de fond qui apparaissent franchement aujourd’hui dans nos sociétés et les menacent à savoir le despotisme démocratique, la course effrénée aux suffrages, la médiocrité des classes dirigeantes, la tyrannie de l’opinion publique, l’individualisme, l’extrémisme et le populisme. Autant de dangers qui font vaciller la flamme de la démocratie partout dans le monde et qui doivent nous alerter. La démocratie n’est pas immortelle.
Extrait : « Dans l’Essai sur L’Avenir dugouvernement populaire, j’ai voulu prouver que ce gouvernement, si l’on s’en tient à la simple observation des faits, s’est montré, depuis sa rentrée dans le monde, extrêmement fragile.
Dans l’Essai sur La Nature de la démocratie, j’espère apporter certaines raisons de croire que, sous la forme extrême vers laquelle il tend, il est, de tous les gouvernements, de beaucoup le plus difficile. Dans L’Âge du progrès, j’ose soutenir que le changement perpétuel qu’il semble réclamer, et tel qu’on l’imagine de nos jours, ne s’harmonise pas avec les forces normales qui dirigent la nature humaine, et qu’il pourrait dès lors nous conduire à de cruels désappointements ou nous infliger de graves désastres. Si en cela j’ai quelque peu raison, le gouvernement populaire, surtout lorsqu’il approche la forme démocratique, exigera l’effort de toute la sagacité et de toute la capacité politique du monde, pour nous garder des mésaventures. Heureusement, s’il est plus d’un fait de mauvais augure pour sa durée et ses succès, il en est d’autres qui nous portent à croire qu’il n’est pas au-dessus des pouvoirs de la raison humaine de découvrir des remèdes contre ses infirmités. Afin de mettre en lumière quelques-uns de ces derniers symptômes, et de signaler en même temps le quartier où celui qui veut étudier la politique (après s’être dégagé des hypothèses a priori) peut chercher des matériaux pour reconstruire sa science favorite, j’ai entrepris la critique et l’analyse de la Constitution des États-Unis, sujet qui semble prêter à la division de beaucoup d’erreurs. »