Quiconque cherche à embrasser d’un coup d’œil l’histoire de l’Italie ne peut se défendre d’abord d’une impression de surprise en présence de tant de faits exceptionnels et de brillants contrastes. Quel pays a poussé plus loin l’activité politique ? Où a-t-on vu surgir plus d’états, se produire plus d’idées en moins de temps ? Mais ce qui est surtout frappant, c’est le triomphe de l’individu sur la nation, c’est le nombre d’hommes supérieurs qui s’élèvent du sein de ces masses si désorganisées, si asservies, et divisées par tant d’intérêts. Nulle terre n’a été plus féconde en individualités glorieuses, nulle aussi n’a semblé plus contraire à l’établissement de nationalités durables, à toutes les tentatives qui avaient pour but l’indépendance et l’unité politiques. Ce grand contraste qui domine toute l’histoire de l’Italie, il est curieux de l’étudier dans les annales de son aristocratie. L’aristocratie italienne n’est, après tout, que l’expression la plus haute de cette vie individuelle qui a toujours étouffé, au-delà des Alpes, le développement de la vie nationale. À toutes les époques, elle a présenté des types qui semblaient personnifier la supériorité de l’individu sur la nation.