Une première question se pose à propos de tout romancier : pourquoi, parmi les genres littéraires, a-t-il choisi celui-là, le plus complexe, le plus divers, le plus susceptible, par conséquent, de satisfaire des facultés très opposées ?...
Ce livre explore l’art du roman chez Balzac et Stendhal.
Un des phénomènes caractéristiques de l’évolution littéraire moderne est la fortune diverse et contradictoire de ces deux maîtres du roman : Balzac et Stendhal. Le premier, dès l’abord, força la réputation, s’imposa comme une puissance de la nature, s’installa dans les lettres en conquérant : c’est qu’à côté de certaines qualités qui ne pouvaient être appréciées que de nos jours, il dévoila dès l’origine un don de vie intense et d’intérêt poignant propre à saisir le succès immédiat, à lui assurer la prompte réputation. Stendhal, bien au contraire, était un composé de talents rares, un précurseur en toutes choses, et par sa forme d’esprit si bizarre, et par son style si curieusement voulu, et par l’attitude énigmatique de sa personnalité d’artiste ; il le comprit lui-même tellement bien qu’il ne s’illusionna pas un instant sur sa destinée littéraire, et marqua, nous savons avec quelle merveilleuse divination, l’époque précise de sa renommée...