Après la domination toute puissante exercée par Hegel pendant un quart de siècle, après le règne de la philosophie de l’Idée, un autre principe, une autre formule a commencé à prévaloir : c’est le principe de la Volonté. La Pensée, que la philosophie de Hegel avait mise au premier rang, est descendue au second. La priorité de la volonté sur l’idée est la formule commune de deux écoles de philosophie, peu d’accord d’ailleurs sur bien d’autres points : d’un côté, l’école de Schelling, redevenu le successeur de Hegel après avoir été son prédécesseur; de l’autre, l’école de Schopenhauer. Ces deux philosophes ont trouvé des disciples, mieux que des disciples, qui ont exposé et développé leur pensée en y mêlant d’importantes vues personnelles, et qui peuvent être à leur tour considérés comme des philosophes originaux. Cette philosophie de la volonté, comme on l’appelle, a commencé à pénétrer parmi nous... Nous étudierons donc la philosophie de la volonté sous les deux formes qu’elle a prises, l’une à la suite de Schelling, l’autre à la suite de Schopenhauer : la première expliquée et développée dans la Philosophie de la liberté, de M. Secrétan, de Lausanne ; la seconde, corrigée et remarquablement enrichie par M. de Hartmann, dans sa Philosophie de l’inconscient.