Dès les premières heures qui suivent l'incendie dramatique de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, la question de sa restauration est déjà posée. Faut-il reconstruire à l'identique ce qui a disparu (charpente, toiture, flèche) ou « profiter » de ce malheureux accident pour effectuer certains aménagements plus modernes, quitte à modifier quelque peu la physionomie de l'édifice, voire faire intervenir en certains endroits du bâtiment des créateurs contemporains ?
Cette interrogation avait été exprimée à peu près dans les mêmes termes un peu moins de deux siècles auparavant lorsque, devant les altérations dues au temps, les dégradations, mutilations et autres reconstructions plus ou moins heureuses qui menaçaient la cathédrale, le gouvernement d'alors décida de lancer un concours pour sa restauration. C'est le projet présenté par les deux architectes Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Antoine Lassus qui fut finalement choisi en 1844.
Dans un rapport adressé au ministre en charge du dossier, les deux architectes exposent leur conception de la restauration des bâtiments anciens : ne pas se contenter de colmater les usures et les brèches, mais s'efforcer de retrouver les formes disparues afin de redonner à l'édifice son rayonnement passé, sans transformer en quoi que ce soit son architecture. Ils expliquent ensuite les travaux à entreprendre à Notre-Dame, leur importance et leurs difficultés, avec qui et avec quels moyens. Ce document, particulièrement intéressant, nous fait pénétrer dans les coulisses de l'un des édifices les plus visités de Paris - en dévoilant au passage quelques secrets. Il fournit surtout au lecteur d'aujourd'hui des éléments pour mieux comprendre et juger les projets de restauration de Notre-Dame à venir.