Réenchanter le voyage.
L'appel du lointain est né dans les cabinets de géographes et les livres. On élaborait des rêves sur les cartes, les peuplant d'îles imaginaires et de créatures fantastiques. L'ambition était de se heurter aux limites du monde connu, puis de les dépasser, de s'aventurer au-delà. On recherchait le jardin d'Éden ; on remontait le Nil, croyant que le paradis y prenait source ; on s'enfonçait dans l'Amazonie pour y trouver l'Eldorado ou la cité de Z.
Lucie Azema nous raconte les liens intimes entre l'utopie et le voyage à une époque où le monde se rétrécit, où les frontières se dressent, réduisant notre horizon. Pour cela, elle parcourt l'histoire depuis l'Antiquité, puis, de la Turquie à Katmandou, emprunte la route des hippies dans les sixties. Cette époque a démocratisé le voyage et montré que le départ vers un pays réel était aussi, et peut-être surtout, le départ vers un pays rêvé. Les mondes intérieurs et les mondes physiquement traversés sont profondément liés, se répondent et se nourrissent, jusqu'à définir nos territoires intimes. C'est là l'essence du voyage, la promesse d'un plus vaste espace de liberté.