Temps, mémoire et histoire dans l'œuvre d'Aragon
Suzanne Ravis-Françon
Editeur: Editions L'Harmattan
Dans ses premières œuvres, Aragon se livre à une critique radicale du temps au profit d’une instantanéité, seule forme «?concrète?» du temps. Très vite pourtant il découvre le dénuement d’un instantané sans ancrage temporel où l’identité même du sujet devient incertaine. L’amour permet de conjurer l’effritement du présent mais ouvre sur la hantise de l’oubli et de la mort. Seule la découverte des autres, de tous les autres et de l’Histoire peut inscrire la finitude du couple dans un horizon qui la dépasse, même quand cet horizon devient tragiquement un «?inatteignable été?».
Peut-on parler d’un temps aragonien?? Cette œuvre témoigne d’une attention soutenue aux possibilités qu’offre à un écrivain l’exploitation de toutes les formes de temporalité. C’est que la forme romanesque, forme la plus libre, est aussi celle qui compose, à travers le récit d’une fiction ce que Paul Ricœur désigne comme une «?expérience fictive du temps?».
C’est pourquoi on trouvera dans ces études le souci constant de cerner ce qui se passe dans le texte et ce qui passe d’un texte à l’autre, croisant, dans les dernières œuvres, la reprise des idées et des images de la période surréaliste avec la recherche de formes narratives renouvelées.