L'histoire des sensibilités est aujourd'hui un champ de recherche florissant. Reliée à l'affirmation du sensible dans nos sociétés, elle étudie les sens, les émotions et les sentiments dans leur formation et leur transformation. Elle ne se borne pas à prouver qu'il y a une histoire de l'amour, de la haine, du goût ou de l'odorat à travers les âges : elle montre que les façons de sentir et d'éprouver, loin de procéder de fonctions naturelles ou de facultés individuelles, sont mêlées à l'histoire des sociétés humaines, qu'elles s'accordent aux enjeux sociaux, moraux et politiques qui les traversent.
Face à la pluralité des démarches de savoir qu'adoptent historiennes et historiens à ce sujet, ce livre vise à clarifier aussi concrètement que possible comment se fait l'histoire des sensibilités et ce qu'on peut attendre d'elle. Outre qu'il questionne les méthodes à l'oeuvre, l'usage des sources, les manières d'écrire ou de prouver, il prend le parti de puiser ses exemples dans toutes les périodes canoniques de l'histoire, de l'Antiquité à nos jours.