« Je suis né dans le Nord-Pas-de-Calais, à Lens, au cœur d’un quartier populaire. Mon grand-père maternel, Kabyle et cordonnier de métier, arriva en France avec ma grand-mère en 1947. Comme de nombreux immigrés, il devint mineur, une de ces gueules noires qui descendaient au « fond » et respiraient la silice. Ma mère Houria, volcanique et déterminée, dut se battre contre sa famille pour s’arracher au traditionalisme musulman et obtenir son indépendance. Elle rencontra mon père, Serge Duquesne, à l’usine, à la fin des années 60. Je suis le fruit de leur union : le fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un français.
J’ai grandi avec ce double héritage dans une France qui se cherchait. J’ai vu mon quartier changer au fil des années, les positions identitaires se crisper, le désir d’intégration se désintégrer, le communautarisme s’emparer des familles, la défiance et la violence s’installer, l’islamisme gagner du terrain avec l’aveuglement complice des pouvoirs publics...
Eduqué par la République, je partageais et défendais les valeurs de mon pays : laïcité, universalisme, liberté et égalité, mais aussi l’identification aux mœurs françaises. Mes prises de position sur le voile et l’immigration m’ont rendu infréquentable : aux yeux de la communauté d’origine de ma mère, j’étais un traître qui « faisait son Français » ; aux yeux de certains Français, soit un métèque incarcéré dans ses origines, soit un provocateur que ses propos sur les dangers de l’islamisme rendaient sulfureux ; et pour les bien-pensants, un mouton noir qui allait contre le discours victimaire. Il fallait sortir de cette impasse. Alors j’ai décidé de raconter mon histoire, celle d’une douloureuse assimilation. »
David Duquesne
Un témoignage poignant et courageux qui permet de mieux comprendre les grandes fractures qui traversent la société française d’aujourd’hui.