Des colonisés ingouvernables
Emmanuel BLANCHARD
Editeur: Presses de Sciences Po
Le 6 de la rue Lecomte abrite à partir de 1925 le Service des Affaires nord-africaines. Rattaché à la préfecture de police, le SAINA est chargé de surveiller les travailleurs coloniaux qui ne sont ni pleinement français ni étrangers. Le « bureau arabe », accueille plus de 300 personnes par jour, essentiellement des Kabyles venus travailler à Paris. Il traite aussi des plaintes qui lui sont adressées des deux bords de la Méditerranée. Dettes de jeu, affaires familiales, demandes d’exonérations fiscales, dénonciation de faits de corruption, litiges fonciers, etc., ces « chekaia » rédigées le plus souvent par des écrivains publics montrent la situation coloniale au quotidien. Elles révèlent surtout des Algériens moins "ingouvernables" que demandant à être gouvernés comme des administrés.
Historien et politiste, Emmanuel Blanchard est maître de conférences à l’Université de Versailles-Saint-Quentin et à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Il est notamment l’auteur de Histoire de l’immigration algérienne en France (1900-1990, « Repères », La Découverte, 2018.